“Le temps de Peindre” - Préface

“Le temps de Peindre” d’Olivier Wahl - Dire éditions

Juste un petit coup de pouce sur une trajectoire picturale

J'étais face à une toile blanche. Et je ne peignais plus. J'étais dans une impasse. J'avais beau avoir derrière moi un passé de peintre. J'avais beau avoir découvert l'aquarelle à 16 ans, trouvé un maître et suivi son enseignement, J'avais beau être diplômé d'une école d'art, avoir exposé, avoir vendu et avoir reçu des prix, j'avais beau avoir moi-même enseigné l'aquarelle, je ne peignais plus.

Je m'essayais bien dans de petites œuvres laborieuses, malhabiles et non abouties, mais j'abandonnais très vite. Je tournais en rond. J'avais une fascination pour l'abstraction sans en comprendre le moteur et le sens. J'ai suivi des stages d'acrylique sans conviction. Je cherchais autre chose. Mais je ne trouvais pas. J'ai songé à arrêter.

Et puis un jour, une amie m'a donné l'adresse d'un peintre, Olivier Wahl qui faisait des stages. Je l'ai rencontré. J'y suis allé. Il m'a dit deux choses : d'oublier l'idée de projet et du beau, m'a donné autant de papier et de couleur que je voulais. J'ai peins ce qui venait. Je l'ai fait d'abord avec application des consignes. Je l'ai fait sans vraiment y croire. J'ai rempli du papier, tantôt par dérision de moi-même, tantôt avec une lueur de conscience. Je ne saisissais pas tout ce que Olivier me disait mais ses propos m'éclairaient, me libéraient de mes freins, faisaient sauter les verrous de mes a priori.

A la fin du stage, quand j'ai regardé mes œuvres, j'ai dit que j'avais compris l'abstraction. Cela m'a fait l'effet d'une révélation. J'étais ému au point d'en avoir les larmes aux yeux. J'avais compris la démarche picturale non pas comme une technique du beau, mais comme un reflet des mouvements de la vie.

Olivier avait su trouver les mots justes pour ouvrir les vannes de ce qui ne demandait qu'à s'exprimer. I1 m'avait donné juste le petit coup de pouce nécessaire pour changer mon regard sur ce que je produisais et me laisser dérouler le fil de ma création.

Je m'étais évertué jusqu'alors à ne montrer que la part belle, bien maîtrisée, bien policée de moi-même. J'avais fait de belles aquarelles bien léchées pendant vingt ans. Je ne regrettais rien. Tout ce temps avait été riche et nécessaire.