L’aquarelle

 

TROUVER SA PROPRE VOIE

Cet enseignement peut paraître très rigoureux. Mais Henri disait : "La règle est nécessaire au maintien de la vie en protégeant certains équilibres mais en elle, il n'y a pas de vie " . "Nous ne devons pas être asservi par des conseils. Si des conseils sont de trop, laissez-les de côté." ajoutait-il aussi dans cette recherche de l'équilibre juste, entre les contraintes de la technique et l'aspiration de l'artiste; entre la règle et le plaisir de peindre, cette joie de faire courir la goutte d'eau sur le papier, de la charger en couleur, de l'incliner sur le tableau, cet émerveillement devant l'opposition des couleurs et des teintes, des formes et des lignes qui naissent au bout du pinceau.

Si le maître est un initiateur qui donne des outils, ici l'aquarelle et sa technique, pour exprimer le meilleur de nous-mêmes et pour nous permettre d'évoluer et de nous transformer, il apparaît qu'Henri en était un.

Faire aujourd'hui le deuil du maître, c'est reconnaître la qualité de son enseignement, sentir, quand on prend le pinceau, quand les pigments se mélangent à l'eau, l'actualité et la permanence de ses conseils qui nous guide vers un épanouissement de nous-même. "Ne pas se contenter de ce qu'on a trouvé pour le reproduire à l'infini", mais, nourri par la richesse du chemin parcouru en sa compagnie, trouver "sa propre voie” .‘

Les stages étaient des moments extraordinaires, un lieu d'échanges chaleureux et convivial. Une rare qualité de relation s'y tissait autour de la peinture. Différentes générations se mêlaient sans barrière. Et souvent, ces liens se concrétisaient dans un réseau d'amitié solides qui dure encore.

Les journées, habilement agencées entre temps de peinture, temps de cogitation, chants et baignades, débutaient par le tintement des pots du mas au petit matin et se terminaient par la critique du soir.

Henri encourageait les progrès du débutant, conseillait la technique de l'averti. Il savait toujours trouvé un centimètre carré d'harmonie colorée dans une mauvaise aquarelle

Extrait du numéro de « Foi et vie » n°3- juillet 1997